samedi 27 avril 2024

Un Médicament qui provoque des Tumeurs !

Scandale de l’Androcur : Comment un Médicament "miracle" a provoqué des Tumeurs chez des Milliers de Malades ! 


Introduit en 1980, ce traitement contre l’acné, la chute de cheveux ou l’hirsutisme, parfois même comme contraceptif, a provoqué l’apparition de méningiomes chez des malades. 
Une association de victimes réclame aujourd’hui des comptes à l’État. 
Mise sur le marché par le laboratoire allemand Bayer en 1980, l’Androcur connaît un succès fulgurant dès sa création. 
Acné, chute de cheveux, hirsutisme, règles irrégulières… 
La pilule remédie aux désordres hormonaux grâce à l’acétate de cyprotérone, dérivé de la progestérone qui inhibe les effets des hormones sexuelles mâles.  
Sur le papier, ce remède a tout du miracle. 
Or dès 2004, des voix s’élèvent dans le corps médical pour dénoncer son lien avec le risque de développer des méningiomes, des tumeurs des méninges, bénignes dans 90% des cas, mais qui peuvent être agressives voire malignes. 
Vingt plus tard, une association d’aide aux victimes de l’Androcur (AMAVEA) attaque l’Etat pour n’avoir pas communiqué aux patientes les informations nécessaires sur les risques du médicament.

Des risques multipliés par 7 ! 
C’est en 2007 que le neurochirurgien Sébastien Froelich a été le premier à lancer ouvertement l’alerte. Il faudra attendre 2011 pour que le risque de tumeur soit mentionné dans la notice d’Androcur par l’Agence européenne du médicament. 
Par ailleurs, la prescription d’Androcur est désormais limitée aux cas d’hirsutisme sévère et de cancer de la prostate. 
Des progrès jugés insuffisants par le Dr Froelich, qui demande des enquêtes. 
Deux verront le jour en 2018 et 2019 sous l’égide de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé. 
Les résultats suggèrent que le risque de méningiome est multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 années de traitement
Par ailleurs, ils confirment le rôle d’Androcur dans la survenance de méningiomes chez 500 patientes sur près d’une décennie (2007-2015) et reconnaît que deux autres médicaments progestatifs auraient potentiellement les mêmes effets secondaires : le Lutéran et le Lutényl. 
Des chiffres très en dessous de la réalité selon Emmanuelle Huet-Mignaton, présidente de l’association d’aide aux victimes de l’Androcur (AMAVEA) : "Entre 2007 et 2023, ce sont 4.000 femmes qui ont été opérées d’un méningiome à cause d’un progestatif".

Le chemin de croix des victimes ! 
Le 7 mars 2024, l’affaire Androcur ressurgit dans le débat public. L’AMAVEA vient de déposer deux requêtes auprès du tribunal de Montreuil contre l’État. 
"La faute que nous imputons à l’État, selon leur avocat maître Oudin, est la suivante : ne pas avoir diffusé correctement les informations relatives au risque pour la santé que représentait la prise d’Androcur auprès des médecins et des patients. 
Conséquence : ces derniers ont respectivement continué à prescrire et consommé la molécule." 
À l’heure actuelle, 20 dossiers ont été expertisés par le tribunal et 450 autres sont en cours de constitution. 
Les victimes devront s’armer de courage, car les rouages de la justice sont longs à se mettre en branle. 
"Ces procédures de traitement sont difficiles à mettre en œuvre pour l’institution judiciaire, prévient maître Oudin. 
Et bien sûr, elles sont très coûteuses pour les victimes." 
Pour cette raison, la création d’un dispositif d’indemnisation spécifique à destination des victimes a été sollicitée par l’association, qui engage la responsabilité financière de l’État. 
Bien que la procédure judiciaire constitue un chemin de croix pour les victimes, celles-ci trouvent du réconfort dans le fait qu’Androcur s’en trouve replacé au centre du débat public. 
"C’est grâce aux médias que la plupart des femmes souffrant de méningiome découvrent le lien potentiel avec la prise d’Androcur, souligne maître Oudin. 
Outre le public, les médecins doivent prendre conscience des risques inhérents à ce médicament. Il faut minimiser l’exposition au risque !"
La prescription d’Androcur est désormais limitée aux cas d’hirsutisme sévère et de cancer de la prostate. 

https://www.ladepeche.fr/2024/04/27/dossier-scandale-de-landrocur-comment-un-medicament-miracle-a-provoque-des-tumeurs-chez-des-milliers-de-malades-11915509.php